A tous vents, telle la semeuse du Larousse dont il était un fervent utilisateur, le peintre Gaston Chaissac (1910-1964) a envoyé ses milliers de lettres pour fertiliser un terrain peu propice aux artistes autodidactes comme lui.

« Des artistes et des écrivains connus m’encouragèrent à peindre et enhardi, je me lançais dans des recherches plus personnelles. Je ne me bornais pas à peindre et quoique n’ayant même pas mon certificat d’étude, j’eus l’audace d’écrire.

Lettre de Chaissac à Joseph Bonnenfant, journaliste à Ouest-France, 1946, collection particulière.

 Chaissac Calligramme EcritureInsatiablement, chaque jour, de 1938 à 1964, cet épistolier convaincu a écrit sans relâche une moyenne de 4 à 5 lettres par jour, (un blog avant l’heure) où il défriche son univers, donne des clefs de son oeuvre, tisse des liens, attise la curiosité, brouille les pistes, construit des ponts entre les mondes. L'écriture demeure pour lui un média pour être en lien avec le monde intellectuel tout en se protégeant.

Il écrit à ses voisins, sa famille et des inconnus parfois (mais nous pourrions parler ici d’  « acte littéraire »). Il écrit surtout aux acteurs du champ artistique et littéraire : Otto Freundlich, André Lhote, Jean Dubuffet, Jean Paulhan, Gaston Gallimard, Raymond Queneau. Artistes, collectionneurs, critiques, journalistes, directeurs de galerie ont contribué, par leur intérêt porté à Gaston Chaissac à la diffusion de son travail et à la stimulation dont il avait la nécessité absolue pour prolonger sa  « mission ».

Ainsi à l’abri  du tumulte parisien, Gaston Chaissac a continué à inventer, se laisser parcourir par mille idées stimulantes qui l’ont  aidé à demeurer créateur malgré son isolement vendéen.

L'écriture et la peinture sont définitivement  issues du même processus de création: la volonté  d'assembler le réel, d'articuler les infimes éléments du décor social ou les motifs picturaux pour élaborer une architecture mentale construite  à l'échelle d'une vie.

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Le  calligramme, mot inventé par Apollinaire, construit avec la contraction des mots calligraphie et idéogramme, est un exercice que Chaissac a beaucoup exploré dans ses écrits. Ces dessins-écritures , métissage de ses techniques picturales et littéraires, sont conçus comme des  prospectus publicitaires: une cible / un concept, qu’il envoie à ses correspondants.

Calligrammes

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Tout naturellement, peinture et écriture voisinent et se métissent. Le mot devient motif, le jeu sur la sonorité intègre le graphisme.

Lettrisme

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L’utilisation des pseudonymes : brouiller les pistes et reconstituer le Tout:

«J’ai signé certains de mes tableaux: Breuil, j’en ai signé d’autre Jean Marie Gassac... enfin j’ai signé d’autres tableaux: Pympière et d’autres: le Rouif...»

 Lettre de Chaissac à Queneau, non datée.

 

 

Pseudonymes

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Les poèmes de Chaissac sont des instantanés tirés d’une narration continue : Les motifs  lexicaux, sonores, visuels sonores, figuratifs nous conduisent à une histoire dans l’histoire.

Poèmes

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« Paulhan qui est un de mes meilleurs amis  a une influence considérable pour lancer les artistes. Et j’apprends par un ami commun qu’il fait lire mes lettres, et cet ami ajoute: Vos lettres circulent de main en main comme les apôtres de Saint-Paul parmi les corinthiens. »

Les lettres circulent dans les milieux littéraires et le destinataire n’est plus exclusif. La publication de ces  lettres  officialisent leur véritable contenu : le récit journalistique et poétique du quotidien. Ces chroniques sont publiées régulièrement dans la N.R.F dès 1953.

Lettre à Joseph Bonnenfant, 2 janvier 1947,collection.particulière.

 

Chroniques

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«J’écris des lettres, pas comme on fait d’habitude, une lettre tout les deux ou trois mois. Quand je commence à écrire à quelqu’un, je le fais tous les jours, parfois plusieurs fois dans la même journée, trois semaines, un mois; je m’arrête un moment, puis je recommence, si j’agace mon correspondant, il jette mes lettres au panier, si je l’intéresse...»

L’intérêt pour les lettres de Chaissac se concrétisera avec Hippobosque au bocage, un corpus de lettres  rassemblé par Jean Dubuffet , publié en 1951 chez Gallimard.

 Chaissac in ma route d’Aquitaine, Raymond Dumay, 1948

 

Lettres

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